Je ne suis pas à l’aise en vidéo alors comme d’hab’ j’écris!
-Mai 2022 j'apprends que je suis enceinte de quelques semaines déjà,
-Juillet 2022 j'apprends que cette grossesse ne pourra pas continuer car le bébé ne se développe par normalement,
-S'en suit une interruption de grossesse.
J’ai reçu tellement de messages, de partages d’expérience… De soutien, d’amour, je ne me suis jamais sentie seule une seconde dans cette expérience. Juste pour ça MERCI du fond du coeur.
Sujet privé, sujet tabou, sujet sensible, sujet qu'on n'aborde pas... J’ai envie de partager notre vécu pour les prochaines personnes qui traverseront ceci; vous n’êtes pas seules, ça arrive, ça va aller!
❤️❤️❤️
Je m’appelle Céline, j’ai 39 ans, je suis maman d’un petit garçon de 3ans et demi, Marin. Une première grossesse arrivée comme ça et qui s'est parfaitement déroulée.
Je crois à des choses que la science n’explique pas, et surtout je crois à la vie! Je pense que rien n'arrive sans raison, que même dans les défaites et les tristesses les plus belles choses peuvent suivre.
Il y a plus de 6 mois mon fils a commencé à me dire que j’avais un bébé dans le ventre. Il le disait même aux amis qui venaient à la maison comme ça de façon spontanée. Puis rapidement c’est devenu 2 bébés; un garçon et une fille. Pendant plus de 6 mois il se couchait en disant « Univers infini je voudrais un petit garçon et une petite fille dans le ventre de ma maman ». Il se trouve que dans le même temps mon corps se modifiait vraiment, j’ai pris un taille de hanche sans rien changer à mon alimentation. À 2 reprises il me mettait tellement le doute que je suis allée faire une prise de sang et une écho. Lui indiquant bien; tu vois il n’y a pas de bébé, pas encore!
Puis un matin je lui ai annoncé au réveil que l’univers infini l’avait exaucé et que maman avant un bébé dans le ventre. Il était très heureux mais pas non plus dans l’excès. À la première écho nous avons appris qu’il y avait un seul bébé, Marin n’assimilait pas l’information malgré les échos que je lui montrais, pour lui ça ne pouvait être que 2. Puis il n’a plus du tout parlé du bébé, il ne me touchait pas le ventre, ne parlait pas au bébé, il n’avait aucune émotion lorsque quelqu’un lui en parlait, … RIEN! J’ai porté ce bébé pendant 3 mois. Mon ventre est vite apparu. C’était physiquement concret, mais pour Marin toujours transparent.
L'annonce officielle aux proches, à la famille et à la communauté La Dame des Gribouillis... Je vis à fond les expériences quelqu'elles soient et quelqu'en soit l'issu. Je serais incapable de cacher une grossesse par peur qu'elle n'aboutisse pas. Du premier jour au dernier dans le partage.
J’ai loupé mon rendez-vous de la première écho morphologique. Quelques jours après Marin était dans le trampoline et il me sollicitait pour l’accompagner. Je lui ai indiqué que maman ayant un bébé dans son ventre cette activité n’était pas possible. Et là il me répond de toute façon tu n’as plus de bébé dans ton ventre, il est parti! 2 jours après j’avais mon rendez-vous pour l’écho morphologique, franchement je n’y allais pas sereine. L’échographe commence par me faire écouter le coeur, on voit bien que bébé a grandi, il a ses 2 bras/mains, ses 2 jambes/pieds, on discerne les contours de son visage. L’échographe insiste sur la zone du crâne, le cerveau… Puis la nouvelle tombe, elle m’indique une zone de liquide qui devrait être pleine et arrête carrément l’écho s’excusant de cette mauvaise nouvelle. Elle m’indique que je dois absolument aller voir un spécialiste, qui m’annoncera surement l’interruption de la grossesse. Pas de larmes, je ne suis même pas sonnée par la nouvelle… mon coeur s’y attendait. Je suis sortie de ce rendez-vous et dans ma tête résonnait les mots de Marin quelques jours plus tôt, interruption, curetage, problème au cerveau… Je suis rentrée sans pleurer Marin vient vers moi et me dit pourquoi il est parti le bébé? Les mots ne sortaient pas, les larmes je les sentaient monter, et lui il répétait et répétait cette même question. Je m’effondre dans les bras de mon mari. L’effondrement fut bref! Avec un petit gras à la maison à gérer on n’a pas trop le droit de se vautrer dans le lit pour pleurer. Et puis ces mots raisonnent dans ma tête «le bébé est parti!, pourquoi le bébé est parti?» Il savait, il le savait depuis le début. Marin est tout sourire comme soulagé, sa meilleure journée depuis longtemps, il ne râle pas, il rigole pour rien, il est serein. Dès lors sa seule inquiétude a été de savoir quand on allait m’enlever le bébé.
Pour nous c’était clair, nous étions soulagés de connaître ce verdict tôt dans la grossesse. C’est aussi pour cela que nous faisons très attention au choix de l’échographe. Nous avons confiance en la vie et les choses se font comme elles doivent se faire. Cette âme n’était peut-être pas prête pour ce voyage ou peut-être était-ce nous qui ne l’étions pas!? Quoiqu’il en soit cette nouvelle bien que mauvaise n’est pas la fin d’une aventure, juste une étape. J’ai aimé ce bébé dès que j’ai su qu’il était là et je l’accompagnerais jusqu’au bout.
L’écho morphologique était le vendredi midi, le lundi 14h le verdict tombait: une acranie. Échographe ultra compétente mais avec un niveau d’empathie au niveau du sous-sol. C'est cash, direct, sans gant, même pas le temps de poser des questions que je suis déjà entrain de payer la consultation. Le mardi matin nous avons le rendez-vous d’information pour l’interruption de grossesse et le mercredi midi j’étais au bloc.
La veille de l’intervention la 1ère douche à la bétadine a rendu les choses plus concrètes, on enlève l’alliance… Nu comme un vers face à soi même. L’étape la plus dure a été de laisser Marin et mon mari devant les portes de l’hôpital, de rentrer seule dans le service ambulatoire et de confirmer pourquoi je venais. Là toutes mes larmes sont sorties. Mais l’hôpital, le service entier, l’obstétricienne, la prise en charge, tout a été d’une douceur et d’une bienveillance incroyable.
15 minutes d'intervention sous anesthésie générale, 2h après salle de réveil... voilà c'est fini!
🎈🎈🎈
Je voudrais profiter de ce récit pour faire un aparté; L’importance du choix du professionnel qui nous suit pendant une grossesse. On doit se sentir à l’aise, écouté et respecté. On doit se sentir soutenu, sécurisé, accompagné. Il en est de même pour le choix du lieu que nous faisons pour donner la vie (ou pas). On ne choisit pas un hôpital parce qu’il est 5 min de chez nous mais parce qu’on s’est renseigné, parce qu’on est en accord avec leur pratique, parce qu’on s’y sent bien. Donner la vie ou l’interrompre doit se faire dans le respect et l’harmonie. Comme un animal prend soin de faire son nid en tant que parents nous devons prendre le temps de trouver le notre. Celui qui nous correspond; que ça soit à la maison, en hôpital, en maison de naissance ou en clinique. Se renseigner, prendre le temps de faire un choix, ne pas avoir peur de changer de professionnel si ça ne colle pas!
Merci.